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Didactirun
26 avril 2015

Une notion, un jour...

Violence

Pour une première approche

Le terme de violence est employé pour décrire un comportement agressif, c’est-à-dire une contrainte imposée qui provoque la douleur et la peine. La violence revêt diverses formes : verbale, physique, psychologique, etc., et peut être légitime ou non. La violence en appelle à des comportements anciens et nouveaux. Dans sa spontanéité, elle s’inscrit dans une tradition où la « sauvagerie des humbles répond à la cruauté de la répression » pour reprendre les termes de Michel Vovelle (Nouvelle histoire de la France contemporaine. 1 : La Chute de la monarchie, 1787-1792, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1999). La violence traverse donc l’ensemble des périodes historiques, mais ne s’inscrit dans les programmes de cycle 3 de manière explicite que pour le XXe siècle.

Quelques précisions

9782870279113FS

Le concept de violence est devenu pour les historiens un objet d’étude spécifique dans le cadre de la longue durée surtout. Cette violence est omniprésente dans les publications récentes et montre l’intérêt nouveau pour ce concept. Du Moyen Âge (les travaux de Claude Gauvard sur l’ordre public) aux temps modernes (les travaux de Denis Crouzet sur les guerres de Religion), les auteurs ayant étudié ces périodes se sont penchés le plus souvent sur les codes et les rites qui définissent les comportements et départagent la violence licite et la violence illicite.

Concernant la Révolution française, on peut mettre en évidence quelques spécificités. Cette période représente à la fois un paroxysme par rapport aux formes anciennes de la violence et une rupture décisive. L’étude de la violence révolutionnaire a longtemps servi d’exutoire aux partisans ou aux détracteurs des changements initiés par cette période. Les historiens s’attachent également aux représentations mentales englobant ce phénomène, abordant les notions de rumeur et de peur qui permettent de mieux percevoir l’escalade de la violence. Le thème de la violence est aussi devenu central pour la compréhension du XXe siècle. Les études sur la violence de guerre servent ainsi de fil conducteur aux recherches ré­centes qui insistent de plus en plus sur l’extrême variété des formes de violence et le rôle joué par toutes les composantes de la société. La « brutalisation » des sociétés en guerre (George L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette Littérature, 1999) caractérise ainsi un siècle traversé par deux conflits mondiaux et marqué par l’émergence de systèmes totalitaires aux conséquences dramatiques.

Un autre débat concerne la violence subie et la violence infligée. Il in­téresse surtout les spécialistes d’histoire contemporaine autour de la vio­lence de guerre. Les travaux sur cette thématique, très abondants, prennent appui sur d’autres champs disciplinaires des sciences humaines, comme la sociologie et la psychologie.

Les sociologues proposent en effet des typologies de plus en plus pré­cises sur la violence. En dehors de la différenciation classique entre une violence individuelle et une violence collective, sont surtout retenus les facteurs déclenchants et la mécanique d’action. Est ainsi déterminée une violence de la société envers l’État, les revendications débouchant sur des processus de révoltes ou de révolutions. Il existe également une violence de l’État envers la société ; elle peut être le fruit d’une réponse à une vio­lence initiale (répression, retour à l’ordre) ou de l’élaboration d’un sys­tème coercitif de gouvernement (totalitarisme, dictature). Enfin, la vio­lence entre les États constituerait une forme de violence paroxysmique, le XXe siècle étant particulièrement extrême en la matière, comme l’indiquent les programmes du cycle 3, dans la séquence intitulée « La violence du siècle : les deux conflits mondiaux ».

Liens avec les programmes

Tout au long du programme d’histoire, un certain nombre de thématiques rendent compte de la violence : la répression antichrétienne et le principe du martyre pendant la période de l’Antiquité, la guerre de Cent Ans (cf. Guerre de Cent Ans) et les grands fléaux du Moyen Âge, la Révolution française et la Terreur (cf. La Terreur), la Commune et la répression de 1871 (cf. La Commune). Toutefois, seule l’étude du XXe siècle permet de cibler les objectifs pour cette notion : « L’extrême violence du siècle [est] marquée par la guerre totale, les génocides (cf. Génocide) et le goulag. » Il convient de la sorte de mentionner les contrastes entre l’ampleur des progrès scientifiques et techniques qui entraînent d’incontestables améliorations de vie […] et la violence du siècle, marquée par les massacres et les formes les plus extrêmes de l’intolérance […]. (IO) On peut également souligner le fait que les progrès techniques sont à l’origine de l’ampleur de la violence. La guerre totale devient « industrielle » et cherche les moyens techniques les plus extrêmes (armes nucléaires) pour arriver à ses fins.

Citations

La violence a coutume d’engendrer la violence. (Eschyle)

C’est par la violence qu’on doit établir la liberté. (Jean-Paul Marat)

Une victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée. (Gandhi)

Pour aller plus loin

Audoin-Rouzeau Stéphane, « La Guerre au XXe siècle : l’expérience combattante », Do­cumentation Photographique, n° 8041, 2004.

Audoin-Rouzeau Stéphane, Becker Annette, Ingrao Christian et Rousso Henry (dir.), La Violence de guerre, 1914-1945. Approches comparées des deux conflits mondiaux, Bruxelles, Complexe, 2002.

Crouzet Denis, Les Guerriers de dieu. La violence au temps des troubles de Religion, Paris, Champ Vallon, coll. « Époques », 2005.

Dumenil Anne, « La Guerre au XXe siècle : l’expérience civile », Documentation Photo­graphique, n° 8043, 2005.

Gauvard Claude, Violence et ordre public au Moyen Âge, Paris, Picard, 2005.

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