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Didactirun
15 avril 2015

Une notion, un jour...

Pour les collègues PE

Société

Pour une première approche

Une société est un mode de vie caractérisé par une association organisée d’individus en vue de l’intérêt général. Il s’agit aussi et surtout d’un en­semble d’éléments réunis par des relations dites sociales. Les aptitudes à vivre en société et à développer des relations entre les individus sont ap­pelées sociabilité. La sociologie, initiée à la fin du XIXe siècle par Auguste Comte et Émile Durkheim, montre que les sociétés sont soumises à des lois particulières qu’il convient de théoriser. Les individus peuvent se regrouper selon des critères différents : fonctionnels (les chevaliers), de genre (les femmes dans la Révolution), d’âge (les enfants de la révolution industrielle) ou juridiques (esclaves). Ces critères peuvent se croiser et donner naissance à des différences de statuts.

Quelques précisions

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Le concept de société représente pour les historiens à la fois un problème de définition et un modèle de pensée. L’approche sociale de l’histoire a longtemps été perçue comme le seul paradigme possible. L’influence de la philosophie marxiste a ainsi été prédominante jusqu’au début des années 1970, période à partir de laquelle une approche politique puis culturelle a été remise à l’ordre du jour.

Par ailleurs, la définition des composantes formant une société est également problématique. En effet, il s’agit de déterminer avec précision des groupes sociaux et de comprendre les relations qui les unissent. Dans ce domaine, l’historiographie n’a cessé d’évoluer, proposant des approches différenciées autour de grilles d’analyse distinctes. Au XIXe siècle, François Guizot étudie ainsi l’émergence de la bourgeoisie au Moyen Âge, qu’il définit en termes de droit. Sa définition ne laisse pas de place à une quelconque conception économique. Cette vision est remise en cause par l’historiographie marxiste qui se repose sur le fondement éco­nomique des classes sociales. Ainsi, Ernest Labrousse prend pour thème d’étude la crise de l’économie à la fin de l’Ancien Régime, et distingue des types de revenus plus que des groupes sociaux. Selon lui, la psycholo­gie ne joue aucun rôle et les aspects juridiques ou institutionnels n’interviennent que dans la mesure où ils règlent l’affectation des revenus. L’événement n’est que l’accident qui rompt la continuité linéaire des courbes. Le politique s’emboîte directement dans le social, qui s’emboîte lui-même dans l’économique. Le discrédit de l’historiographie marxiste est à relier avec le contexte de remise en cause du socialisme réel. L’idée s’impose que les classifications sociales sont le résultat d’une construction liée à des représentations spécifiques, comme le langage, à des emblèmes ou à des instances de représentations particulières. Dans La Distinction (1979), Pierre Bourdieu explique que nos choix et nos goûts révèlent notre statut social, mais également nos aspirations et nos prétentions. Une « nouvelle histoire », incarnée par Jacques Le Goff ou Pierre Nora, met aussi à l’honneur une analyse plus concrète du concept de société, où l’échelle d’étude change, avec le développement des monographies lo­cales.

Aujourd’hui, l’histoire sociale se doit de prendre en compte l’univers des pratiques sociales concrètes, celui des représentations, des créations symboliques, des rites, des coutumes, des attitudes devant la vie et le monde ; bref, l’univers des « mentalités » et des pratiques culturelles.

Pour déterminer la notion de groupe social, les historiens ont proposé des paradigmes variés, résumés dans le tableau ci-dessous.

Les historiens se penchent également sur les principes de sociabilité inhérents à toute société. Il s’agit d’une aptitude à vivre ensemble sans qu’il y ait forcément un but utilitaire. Dans son ouvrage Sociologie et épistémologie écrit en 1928, Georg Simmel indique que la sociabilité est une « forme ludique de la socialisation ». Dans ce domaine, les travaux se sont surtout penchés sur l’opposition entre une sociabilité populaire (café, sports d’équipe, relations de voisinage) et une sociabilité bourgeoise (soirées mondaines, salons, golf). Ces pratiques inculquent des valeurs, des normes et des croyances aux individus composant chaque groupe social. Les mécanismes d’apprentissage et d’identification se traduisent par l’élaboration d’un système de représentation fortement ancré chez chaque individu.

Nouveaux paradigmes

Nouvelles grilles de lecture

Statut juridique

Définition en termes de droits

Économie

Conception marxiste dominante jusqu’aux années 1970

Représentation

Grâce aux travaux de Bourdieu, on définit un groupe social au travers d’un langage, d’emblèmes ou d’instances de représentations

Culture objectivée

On peut ainsi définir des habitudes de consommation, l’habitat ou les loisirs

Liens avec les programmes

Antiquité

Moyen Âge

Temps modernes

XIXe siècle

XXe siècle

La société celtique et gallo-romaine

L’Occident chrétien

La société d’ordres

La naissance de nouvelles classes sociales : ouvriers et bourgeois

Les inégalités
et discrimina­tions de genre

 

Citations

C’est la société d’autrui qui enseigne à l’homme ce qu’il sait. (Euripide)

Le bonheur est la fin que doivent se proposer toutes les sociétés. (Honoré de Balzac)

La société existe pour le bénéfice des hommes, et non les hommes pour le bénéfice de la société. (Herbert Spencer)

La cohésion sociale est due en grande partie à la nécessité pour une société de se dé­fendre contre d’autres. (Henri Bergson)

Pour aller plus loin

Noiriel Gérard, Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2006.

Prost Antoine, Douze leçons sur l’Histoire, Paris, Le Seuil, 1996.

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