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Marseillaise
À l’origine appelée Chant de guerre pour l’armée du Rhin, il s’agit d’une composition crée par Rouget de Lisle le 26 avril 1792, alors qu’il
était en poste à Strasbourg. La partition musicale est certainement l’œuvre de Jean-Baptiste Grisons, maître de chapelle à Saint-Omer. C’est en août 1792, lors de l’entrée de volontaires marseillais à Paris, qu’elle reçut son nom définitif. Si la Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795, elle est interdite sous l’Empire et la Restauration, avant d’être remise à l’honneur sous la monarchie de Juillet et de devenir hymne national sous la IIIe République. Son étude permet de comprendre la complexité de la violence révolutionnaire, son aspect virtuel qui précède l’entrée en guerre. Si l’invasion est crainte et annoncée, la rumeur joue son rôle dans le déclenchement du conflit. Le contexte est important pour comprendre la polysémie des paroles. En avril 1792, la France se sent menacée : « horde, féroces soldats, esclaves, ignobles entraves, tyrans, traîtres, rois, conjurés, fers, despotes, maîtres de nos destinées, tigres, joug, vils, etc. ». Après le complot de Varennes, le pays se retrouve isolé et menacé par des régiments qui campent aux frontières. Suite au débat sur la déclaration de guerre qui divise les mandataires du peuple, le manifeste de Brunswick provoque un durcissement des débats et une entrée en guerre le 20 avril contre le roi de Bohême et de Hongrie. Alors qu’aucun soldat étranger n’a pénétré sur le « sol sacré de la patrie », le chant apparaît comme une défense qui devient obsessionnelle. Le patriotisme français s’ancre donc dans un concept abstrait autour de la liberté à défendre et à préserver.
Les enjeux tournent autour de la défense des acquis révolutionnaires : « nous rendre à l’antique esclavage, ils feraient la loi, liberté, liberté chérie, indépendance, amour sacré de la patrie, etc. ». Ce n’est donc pas l’étranger qui menace mais le tyran qui souhaite rétablir la monarchie absolue. Les Français veulent conserver leur droit de choisir leur régime politique et les lois qui les gouvernent. En présentant de manière manichéenne les enjeux de la défense de la patrie, ce chant permet aux patriotes de s’ancrer pleinement dans l’idéologie révolutionnaire. Les enjeux sont donc d’ordre politique et philosophique et proposent une vision universaliste du patriotisme. Pour atteindre cet objectif, les patriotes sont prêts au plus douloureux des sacrifices : « Combattre, jusqu’à la mort, venger, terrasser, ennemis expirants, qu’un sang impur abreuve nos sillons. » Cette guerre patriotique passe par la levée en masse de soldats et un appel au volontariat, comme l’illustrent les volontaires marseillais. On peut déceler les prémices d’une certaine forme de romantisme dans la violence déclarée de ce chant. Il s’agit avant tout d’une marche militaire qui a pour but de galvaniser les troupes. Il ne s’agit pas encore d’un hymne national (cela n’est effectif qu’en 1879), mais ce chant est utilisé lorsque la République et les libertés se sentent menacées.