Une notion, un jour...

Pour les collègues PE

Religion

Pour une première approche

Une religion se définit par un ensemble de doctrines et de pratiques qui constituent le rapport de l’homme avec la puissance divine. La reconnaissance par l’homme d’un pouvoir supérieur, impliquant obéissance et respect, le lie ainsi à une religion.

Quelques précisions

Le terme de religion vient du latin religio qui signifie « l’attention à » ou « le soin porté à », mais aussi « relier » ou « rassembler ». La religion impliquerait donc à la fois la reconnaissance d’un culte et le rassemblement inhérent à ce culte. Les sociologues se sont penchés sur l’ambiguïté du terme et ont proposé, à l’instar d’Émile Durkheim, une définition aujourd’hui consensuelle :

Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. (Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912)

Cette définition suppose l’étude d’une communauté religieuse, c’est-à-dire d’une confession qui introduit les aspects sociaux et politiques du fait religieux. Elle implique également une Église c’est-à-dire un groupe organisé de personnes qui met en valeur les aspects doctrinaux et institutionnels du fait religieux. La religion est ainsi définie comme un ensemble de croyances (dogme) et de rites (culte) comprenant un aspect subjectif (le sentiment religieux ou la foi) et un aspect objectif (des cérémonies, des institutions). Durkheim insiste sur l’unité des mouvements religieux autour de la dichotomie entre « profane » et « sacré ». Le profane est la réalité ordinaire qui ne se définit que par rapport au sacré et qui concentre en lui toute la signification du réel. Le sacré ne se comprend que par rapport au profane et implique une puissance relevant d’un ordre supérieur. La foi nécessite la confiance (fides en latin) en une puissance infinie. L’acte de foi reconnaît ainsi des vérités jugées essentielles mais situées au-delà de la raison. C’est donc sur la faiblesse de la raison que se fonde la nécessité de la foi.

Les religions envisagées dans les programmes du cycle 3 appartiennent avant tout à la grande famille du monothéisme, même si l’étude du polythéisme gallo-romain sert de contrepoint à celle de la christianisation de la Gaule.

Les religions judaïque, chrétienne et musulmane sont qualifiées de révélées : leurs dogmes ont été révélés aux hommes de manière surnaturelle, en général par la voix des prophètes. La théologie (du grec theos, dieu, et logos, étude, discours) est l’étude méthodique de la foi en Dieu sur la base des données de la révélation. Dans la théologie, la défense de la foi et de la doctrine est l’apologétique. On peut lui associer le terme d’exégèse, c’est-à-dire la science qui établit, selon les normes de la critique scientifique, le sens d’un texte de la révélation. L’analyse du fait religieux, quant à elle, peut s’organiser autour de la définition du dogme et du culte. Le dogme représente une vérité incontestable, établie par les autorités ecclésiales. Le culte est l’hommage rendu à une divinité ou à une personne au moyen de pratiques rituelles, d’offices religieux, de cérémonies. L’ordre des cérémonies et des prières forme la liturgie. Souvent, les cérémonies et les fêtes religieuses présentent un aspect formaliste, conformément au rituel établi ; on dit alors qu’elles ont un caractère hiératique.

Les ministres du culte sont les personnes dont la profession est de célébrer le culte. Ils tiennent un rôle fondamental auprès des fidèles. L’adhésion du fidèle à une religion peut ensuite varier entre tolérance, sectarisme (intolérance), mysticisme (intensif et intuitif), dévotion (spiritualité très attachée à la pratique religieuse), ou fanatisme (exaltation excessive). Lorsque le fidèle abandonne solennellement une religion, on dit qu’il abjure ; un renégat étant celui qui a renié sa religion pour adhérer à une autre. Le prosélytisme, lui, est le zèle déployé pour répandre la foi, pour recruter des fidèles.

Par ailleurs, il faut distinguer la religion de la secte. Le terme de secte a d’abord été employé pour désigner soit un petit groupe qui se sépare d’un plus grand, soit l’ensemble des disciples qui suivent le fondateur d’une hérésie (doctrine contraire à la foi catholique et condamnée par l’Église). Aujourd’hui, le terme désigne un groupement religieux dont l’apparition s’accompagne de polémiques ; il s’agit d’une communauté fermée avec à sa tête un guide ou un gourou qui a la mainmise sur les membres du groupe.

Pouvoir spirituel et pouvoir temporel sont à distinguer lorsqu’on associe religion et politique. Le pouvoir temporel implique une action dans le temps, c’est-à-dire dans la réalité tangible. Le pouvoir spirituel se contente d’une domination des esprits. Les grands mouvements religieux ont toujours associé le temporel et le spirituel. L’église chrétienne s’est ainsi associée très rapidement au pouvoir politique, lui permettant d’en détenir une parcelle.

Il convient de connaître le sens exact des termes cités ci-dessus si on souhaite enseigner en étant dégagé de toute polémique religieuse, d’autant plus que l’étude du phénomène religieux connaît un regain d’intérêt depuis le début des années 1990 au sein de l’institution scolaire. Il
s’agit d’adopter une démarche d’historien en prenant en compte les liens entre le religieux et le politique sans pour autant laisser de côte l’étude du dogme issu du message religieux. Pour reprendre les termes de Nancy Gauthier :

Le fait religieux apparaît ainsi à la fois comme un système symbolique original et comme un phénomène de société dont l’analyse est nécessaire à l’intelligence du passé et à celle du présent. (Nancy Gauthier, « Les Premiers siècles chrétiens », Documentation Photographique, n° 7028, 1995)

Pourtant, l’enseignement du fait religieux compte encore de nombreux détracteurs parmi les enseignants, qui y voient une entorse au principe de laïcité. Le principe de transversalité permet toutefois d’entreprendre son étude sans en faire une discipline à part entière. De plus, l’étude de certaines œuvres d’art ne peut sérieusement se concevoir sans une connaissance minimale de leurs principes d’inspiration. Un des enjeux de cet enseignement est aussi de montrer aux différentes communautés d’une France multiculturelle que des traits particuliers de leurs cultures les rapprochent plus qu’ils ne les séparent. En Europe, l’enseignement du fait religieux est présent dans un certain nombre de pays ; en Irlande et en Grèce, l’enseignement confessionnel est obligatoire ; en Espagne, le catéchisme est du ressort des enseignants, même s’il est facultatif ; en Belgique, les élèves ont le choix entre cours de religion et cours de morale.

Liens avec les programmes

Une initiation aux principes de découpage du temps (au cœur des programmes du cycle 2) nous oblige à rappeler que le calendrier est une convention fondée sur un événement d’origine différente selon les cultures. En outre, si les élèves utilisent le calendrier chrétien, il est possible de mettre en évidence les dates de naissance et de mort du Christ (naissance en –6 ou –4 et mort autour de 30).

Antiquité

Moyen Âge

Temps modernes

XIXe siècle

XXe siècle

La religion traditionnelle des Gaulois

La christianisation de la Gaule après avoir rappelé les origines hébraïques

L’église chrétienne

L’islam

La naissance du protestantisme et les guerres de Religion

La politique de déchristianisa-
tion pendant l’épisode révolutionnaire

La sécularisation des sociétés avec pour point de repère la loi de la séparation de l’Église et de l’État (1905)

La société en France durant la deuxième moitié du XXe siècle : baisse de la pratique religieuse

Citation

Prier est dans la religion ce que penser est dans la philosophie. Prier, c’est créer de la religion. (Novalis)

Pour aller plus loin

Azria Régine, « Le Fait religieux en France », Documentation Photographique, n° 8033, 2003.

Debray Régis, Borne Dominique, Bauberot Jean et Poulat Émile (dir.), L’Enseignement du fait religieux, CRDP de l’Académie de Versailles, coll. « Les Actes de la DESCO », 2003.

Deremble Colette, « L’Art et la foi au Moyen Âge », Documentation Photographique, n° 7040, 1997.

Durkheim Émile, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912.

Gauthier Nancy, « Les Premiers siècles chrétiens », Documentation Photographique, n° 7028, 1995.

Micheau Françoise, « Les Pays d’Islam, VIIe-XVe siècles », Documentation Photographique, n° 8007, 1999.

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