Une notion, un jour...
Territoire
Au sens large, un territoire est un espace géographique circonscrit dans des limites (par exemple un territoire national). Pour les géographes, le territoire a le sens d’un espace socialisé, approprié et valorisé par ses habitants. Il est une expression renouvelée des relations entre l’homme et l’espace. Le renouveau du territoire dans la pensée géographique traduit la volonté individuelle d’un ancrage dans le local face à un contexte économique et idéologique caractérisé par un phénomène de mondialisation.
Issu du latin territorium, le mot « territoire » signifie un « morceau de terre approprié ».Ce terme ne saurait être confondu avec l’espace. Comme le rappelle Bernard Élissalde :
S’il y a bien entendu de l’espace dans le territoire, celui-ci n’est pas considéré comme un support neutre […]. De multiples composantes (environnementale, sociale, économique, institutionnelle, etc.) donnent de la spécificité et de l’identité à la configuration et au fonctionnement de cet ensemble. […] À la différence de la notion de région et de son usage dans la géographie francophone, celui de territoire sous-entend une indifférence scalaire. (article de Bernard Élissalde, http://www.hypergeo.eu/article.php3 ? id_article=285)
Le territoire est donc une notion concrète. Jacques Scheibling précise qu’il possède
une situation, une dimension, une forme, des caractères physiques, des propriétés, des contraintes et des « aptitudes ». Ce peut être la configuration des côtes, la répartition des masses montagneuses ou l’organisation du réseau hydrographique. Ces traits physiques n’intéressent pas, en eux-mêmes, le géographe. Ce qui l’intéresse, c’est ce que la société en a fait et continue d’en faire, en termes d’organisation et de construction territoriale. Ce caractère physique et concret ne se borne donc pas aux aspects naturels ; il concerne toutes les formes et toutes les structures imprimées par une société à son espace, qu’il s’agisse des paysages, de la répartition des hommes sur ce territoire, du système urbain, des réseaux de transport et de communication, ou encore des limites et frontières et de leurs répercussions sur l’agencement de l’espace. Il concerne enfin les modalités territoriales de fonctionnement de la société, c’est-à-dire la façon dont une société utilise le territoire pour vivre et se perpétuer, ce qu’en d’autres termes on appelle les dynamiques territoriales. (Jacques Scheibling, Qu’est-ce que la Géographie ?, Paris, Hachette, 2000)
Le territoire est un support d’appartenance individuel ou collectif, et il existe plusieurs échelles d’analyse possibles. Le programme du cycle 3 insiste d’ailleurs sur la multiplicité des points de vue (territoire national, territoires d’outre-mer, etc.). Il est ainsi possible de parler de territoire national lorsque la société se retrouve dans des valeurs communes. Mais rien n’interdit de parler de territoire, certes de manière plus modeste, lorsqu’une bande d’une cité délimite son « terrain de jeu » !
Aujourd’hui, face à la mondialisation et à l’effacement des individus et des particularismes, cette notion géographique semble connaître un renouveau.
Le territoire est le produit de l’histoire et de la société. Cette notion est abordée autant en histoire qu’en géographie. Le programme du cycle 3 comme celui du cycle 2 permettent d’aborder la notion de territoire en faisant varier les échelles. L’enseignant a donc la possibilité de partir du territoire familier (ou local) pour aller vers le plus lointain.
Le sol n’est pas, pour les sociétés humaines, un simple parterre immobile, un inerte plancher de théâtre. (Jules Michelet)
Pour aller plus loin
Marconis Robert, « La France. Recompositions territoriales », Documentation Photographique, n° 8051, 2006.