Une notion, un jour...

Pour les collègues PE

Espace

Pour une première approche

Au sens premier, l’espace est une portion de la surface terrestre. En géo­graphie, l’espace regroupe l’ensemble des relations entre la nature (espace terrestre donné) et l’homme. En fonction des groupes humains qui l’habitent, l’espace revêt différents usages : approprié, exploité, habité, mis en valeur, etc. L’espace géographique est donc une œuvre humaine.

Quelques précisions

La société produit de l’espace, et l’espace géographique n’est pas l’espace naturel. L’espace géographique n’est bien évidemment pas indépendant du milieu : il l’englobe. Cet espace a des acteurs, que sont les individus, les groupes, les entreprises, les collectivités et les États. Il est structuré par des aires, des pôles et des axes. Roger Brunet distingue sept types d’es­pace différents :

•   les amas et les vides (régions non peuplées et surpeuplées) ;

•   les mégalopoles (les gigantesques concentrations humaines, dont la concentration européenne) ;

•   les synapses (lieux de communication : isthmes, détroits, estuaires, carrefours, ports, ponts) ;

•   les interfaces (les lisières : littoraux, sahels, piémonts) ;

•   les fronts et les frontières (barrières et espaces pionniers) ;

•   les lieux à risque (où l’homme est difficilement accroché : montagnes, delta du Gange, déserts chauds, régions polaires, stations en mer) ;

•   les espaces en expansion et les espaces de déprise.

Ces types d’espace entrent dans le cadre des deux composantes ma­jeures de l’espace aménagé par l’homme : l’espace rural et l’espace urbain (Roger Brunet, « Géographie recentrée, géographie à enseigner », in En­seigner la géographie du collège au lycée. Actes et rapports pour l’Édu­cation, CNDP, 1992).

Au cycle 3, les élèves découvrent la variété des situations à la surface du monde. Cette compréhension du monde passe par l’analyse d’espaces géographiques.

L’échelle mondiale (premier bloc du programme : « Regards sur le monde, des espaces organisés par les sociétés humaines ») permet de rendre compte de l’organisation géographique du monde. Différences de répartitions de la population, divisions culturelles, inégalités de dévelop­pement, etc.

La dimension européenne et, plus précisément, celle de l’Union euro­péenne (deuxième bloc du programme du cycle 3 « Regards sur les es­paces européens ») est également idéale pour aborder la notion d’espace géographique car l’espace des élèves est de plus en plus européen. En effet ;

voyages scolaires, familles d’accueil, programme Erasmus, Comenius, etc. multiplient les rencontres […]. Ces rencontres construisent une expérience vécue, du moins pour ceux qui en bénéficient, car le risque d’une distinction sociale entre les établissements scolaires de centre-ville et ceux des quartiers populaires existe. Pour ces quartiers, il est impératif de préserver un discours politique et scolaire d’intégration à l’échelle d’abord française. Un rapport de Pierre Milza montre que l’identité des enfants de deuxième et troisième générations de migrants trouve son ancrage dans les pays d’immigration, pas dans l’Europe […]. Il faut montrer comment s’articulent les diffé­rentes échelles de l’Europe : l’Union européenne ; l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural » ; l’Union européenne de football (UEFA) qui intègre la Turquie et Israël, l’Eurovision télévisée. L’Algérie a même fait administrativement partie de l’Europe pendant cent cinquante ans […]. L’enseignement doit s’adresser aux élèves tels qu’ils sont, plus ou moins confrontés aux réalités européennes, pour en faire des acteurs des enjeux de leur continent. (Gisèle Dessieux, Rémi Knafou et Enrique Léon, Apprendre l’histoire et la géographie à l’école, CRDP de l’Académie de Versailles, 2004)

Au final, la notion d’espace permet de faire prendre conscience que le monde est un système complexe parcouru de relations qui unissent les lieux entre eux.

Liens avec les programmes

Dans la liste des concepts de la géographie que l’on retrouve tout au long de la scolarité, la notion d’espace occupe une place centrale. Aux cycles 1 et 2, l’élève structure sa perception de l’espace. Il doit ainsi passer de l’espace vécu individuel autocentré à la maîtrise de son environnement proche. Au cycle 3, il atteint une maturité spatiale qui lui permet de se repérer, de décrire et de localiser. Il peut donc appréhender la géographie et être sensibilisé à la diversité des espaces. La notion est ainsi omnipré­sente dans la totalité des points forts du programme.

Citations

L’espace est l’ordre des choses qui coexistent. (Leibniz)

Il n’y a pas d’espace sans temps, ni de temps sans espace. (Hubert Reeves)

Pour aller plus loin

Di Méo Guy, L’Homme, la société, l’espace, Paris, Antropos, 1991.

Scheibling Jacques, Qu’est-ce que la géographie ?, Paris, Hachette, 2000 [1ère éd. : 1994].