Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Didactirun
7 avril 2015

Un mot clé...

Pour les PE

Renaissance et humanisme

La Renaissance est un vaste mouvement intellectuel, littéraire, artistique et scientifique qui caractérise l’Europe du XVe et du XVIe siècles. Initiale­ment, le terme latin de rinàscita est utilisé par les contemporains de la période pour mentionner le renouveau des arts ; depuis le XIXe siècle, il est utilisé dans une acception plus large.

L’époque correspond bien à un moment historique particulier […] au cours duquel plusieurs générations d’artistes et de savants eurent le sentiment que des temps nouveaux étaient venus, marquant une rupture très nette avec la période médiévale qualifiée de gothique et de barbare. (Pascal Brioist, « L’Europe de la Renaissance », Documentation Photographique, n° 8049, 2006)

Jan Van Eyck, Les époux Arnolfini...

La redécouverte de la culture antique sert de leitmotiv à ce nouvel élan. Les textes oubliés de l’Antiquité sont l’objet d’une analyse plus fournie grâce à une meilleure connaissance du grec et du latin. L’objectif est ainsi de développer les capacités de l’homme. Une foi nouvelle centrée sur l’homme s’exprime dans les publications d’Érasme (Éloge de la folie) ou de Rabelais (Gargantua) qui font état d’une totale confiance en l’homme, rendant possible la réflexion critique et la libre discussion. Une science nouvelle fondée sur l’expérience voit également le jour. Que ce soit André Vésale, définissant les bases de l’anatomie par la pratique de la dissection, ou Nicolas Copernic, qui révolutionne l’astrologie en 1543 avec sa théorie de l’héliocentrisme (conception plaçant le soleil au centre de l’univers), la science se détache des traditions médiévales. Inventeurs et ingénieurs, comme Léonard de Vinci, se lancent dans l’aventure car ils ont l’idée que le progrès repose sur la connaissance scientifique. La nature obéit à un mécanisme, dont le savant doit trouver le principe.

La Renaissance intellectuelle a donné naissance à l’humanisme, notion à relier à l’apprentissage des humanités, c’est-à-dire l’étude des lettres classiques (grec et latin). Les humanistes sont des intellectuels (ecclésias­tiques, nobles, magistrats, marchands, libraires) qui voyagent dans toute l’Europe. Érasme a ainsi séjourné à Rotterdam, Londres, Paris, Rome, Bâle, etc. Ils échangent leurs points de vue et entretiennent des correspon­dances avec tous ceux qui redécouvrent la culture antique. Ils accueillent dans leurs écoles les enfants de la bourgeoisie marchande et financière. Ils conseillent également les rois et les princes en devenant parfois leur mentor. Ils constituent entre eux une sorte de « république des lettres », fondée sur la croyance profonde en la bonté de l’homme. Les humanistes ne sont pas des savants isolés. De riches mécènes les protègent et les financent (grâce aux commandes), comme Laurent le Magnifique à Florence, les papes à Rome ou François Ier en France. Ce dernier crée de la sorte le Collège des lecteurs royaux (1530), une institution qui accueille les savants, spécialistes des langues anciennes et des sciences de la nature. En échange, les érudits les conseillent et leur dédicacent leurs ouvrages. Tel est le cas de Machiavel (1469-1527), secrétaire de la République de Florence, qui propose un manuel de gouvernement, Le Prince, référence des hommes de pouvoir au XVIe siècle.

Les humanistes ont une conception optimiste de l’homme, mais cela suppose que celui-ci soit éduqué. Érasme indique ainsi qu’« on ne naît pas homme, on le devient ». Dans Gargantua et Pantagruel, Rabelais imagine une école idéale où la jeunesse recevrait aussi bien une éducation de l’esprit que du corps. La plupart des hu­manistes sont de la sorte des pédagogues et occupent les postes de profes­seur dans les collèges. À l’origine, le collège n’était qu’un pensionnat privé pour les étudiants, mais au XVe siècle, il devient une véritable école qui forme les étudiants et prépare aux diplômes universitaires. Ces lieux se transforment en laboratoires de pédagogie humaniste où les textes anciens sont à la base de l’enseignement. En France, ils concurrencent les Universités, réticentes à l’influence humaniste, alors qu’en Europe du Nord ou en Espagne, sous l’influence des humanistes, les Universités sont devenues des foyers actifs et novateurs.

Dans le domaine artistique, la conscience d’appartenir à une période spécifique a été constitutive de l’élaboration d’une culture singulière et radicalement nouvelle. Les artistes ne renouvellent pas seulement leurs thèmes, mais aussi leurs savoir-faire. Ainsi, pour reproduire le plus fidè­lement possible la réalité, les peintres donnent à leurs personnages des attitudes plus spontanées et naturelles. Les artistes sont loin d’avoir re­noncé à l’inspiration religieuse, mais le renouveau des études gréco-latines accompagne le succès de la mythologie et impose des sujets pro­fanes (ne faisant pas partie des choses sacrées). On réhabilite la nudité antique qui n’est plus associée au péché. Les allégories (représentations d’une idée abstraite par une réalité, selon une codification spécifique) se multiplient dans les œuvres d’art. En peinture, les perspectives linéaire et atmosphérique deviennent des modèles de composition grâce à l’uti­lisation de la technique des lignes de fuite ou de nuances de couleur. L’urbanisme évolue également. Les aristocrates substituent aux châteaux du Moyen Âge des palais à l’architecture nouvelle. L’église elle-même se transforme. Le cercle, image de la perfection divine, inspire les plans des nouvelles conceptions, et l’utilisation de la coupole pour couvrir le chœur se généralise.

Ces renouveaux venant d’Italie mettront un bon demi-siècle à se ré­pandre en Europe par l’intermédiaire des cours princières. Le voyage ita­lien devient une obligation pour tous les artistes. Dans les Flandres, autour de Bruges, Gand ou Anvers, et en Allemagne, avec Nuremberg, sont ainsi élaborées des compositions artistiques novatrices. Il s’agit de régions opulentes, où les villes, tournées vers le grand commerce international, rivalisent d’ingéniosité dans le domaine artistique. Dans les villes ita­liennes notamment, les prélats et les marchands investissent des sommes importantes dans le mécénat. Le goût très marqué pour la représentation du réel se retrouve dans les portraits dont les peintres flamands font un genre (par exemple Jan Van Eyck). À part de grands retables faits pour les églises, ces œuvres sont commandées par des bourgeois qui veulent orner leur demeure. Ils apprécient donc les petits formats qui associent les détails de la vie quotidienne et les sujets religieux. Les peintres rhénans, quant à eux, ne se contentent pas de reproduire les techniques tradition­nelles. Ils sont les premiers à utiliser la peinture à l’huile, qui permet d’obtenir des couleurs plus vives. Jan Van Eyck permet à cette technique de perdurer et donc de se répandre en inventant le vernis fixateur. Le savoir-faire d’Europe du Nord est bientôt imité par les Italiens, qui ap­prennent eux aussi à travailler avec la peinture à l’huile. Parallèlement, des Flamands et des Allemands commencent à voyager dans la péninsule italienne, et s’inspirent de ses œuvres. Les idées et les goûts voyagent dès lors avec les hommes et suivent souvent les voies commerciales. Afin de mieux répondre aux goûts de leurs mécènes, certains artistes effectuent de brillantes synthèses entre les traditions locales et l’art italien.

Aujourd’hui, le concept de Renaissance est toujours sujet de débats qui tournent essentiellement sur la nature et la temporalité des changements observés. Les historiens s’accordent ainsi à élargir la rupture à de nou­velles sphères, tant religieuse, économique, géopolitique qu’anthropolo­gique. La chronologie est, quant à elle, remise en cause en fonction des foyers étudiés et des thèses défendues par les historiens : les prémices d’une rupture sont mises en exergue dès le XIIIe siècle, tandis que le crépuscule est sans cesse repoussé jusqu’aux limites du XVIIe siècle.

Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 66 769
Publicité
Newsletter
Publicité