Une notion, un jour...
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Pour les collègues PE
Mythe
Le mythe, du grec muthos (récit, fable), est un récit symbolique mettant en scène des faits ou des personnages imaginaires. Le mythe est souvent la transposition d’un fait historique ou d’un trait spécifique à une société donnée.
Sous forme de récits merveilleux et de légendes, les mythes ont pour objectif de fournir une explication à certains aspects fondamentaux comme la création du monde, les rapports avec le divin ou les phénomènes naturels. Le mythe constitue une grille d’interprétation du monde qui s’oppose au discours rationnel.
Avec le passage de la tradition orale à divers types de littérature écrite, une pensée nouvelle se met en place, à travers les traités médicaux, les récits historiques, les plaidoyers d’orateurs, les dissertations philosophiques. Dans ces différents types de discours, le logos devenu synonyme de rationalité démonstrative, s’affirme précisément contre le mythe […]. (Louise Bruit Zaidman et Pauline Schmitt Pantel, La Religion grecque, Paris, Armand Colin, 1989, p. 103)
Le mythe religieux est ainsi un récit extraordinaire relatant les aventures des dieux survenues hors du temps de l’histoire, sur laquelle ils ont pourtant une influence. Ils peuvent être considérés comme des récits didactiques exprimant une conception spécifique de l’humanité. Le contenu obscur et fictif des mythes les a longtemps fait passer pour des représentations illusoires et naïves, propres aux peuples primitifs. La philosophie grecque, quant à elle, a proposé un discours rationnel et explicatif, et a ainsi supplanté la pensée mythique.
L’ethnologie montre aujourd’hui que les mythes ont d’importantes fonctions sociales. Ils assurent la cohésion du groupe en donnant, sous la forme d’un récit des origines, raconté de façon rituelle, une justification à l’ordre naturel et social du monde. Les travaux de Claude Lévi-Strauss établissent que, loin d’appartenir à une phase prélogique de l’esprit humain, les mythes manifestent dans leurs structures des systèmes d’oppositions qui relèvent d’une logique universelle de ce dernier. Selon lui, entre la pensée mythique et la pensée rationnelle, il y aurait une différence dans les formes d’expression, mais non une différence de nature.
Dans son sens ordinaire, le mythe est donc une croyance imaginaire, voire mensongère, fondée sur la crédulité de ceux qui y adhèrent. Le mythe est aussi une représentation collective stéréotypée, un préjugé social dominant ; il fait partie de notre mémoire collective et peut servir de grille d’interprétation du monde qui nous entoure.
Au sens strict, la mythologie est l’étude des mythes (le mot grec logos signifiant « discours »), ou plus largement, l’ensemble des mythes véhiculés par une culture.
Antiquité |
Moyen Âge |
Temps modernes |
XIXe siècle |
XXe siècle |
Quelques mythes celtes ou gréco-romains La Bible |
Mythes autour des légendes chevale- L’épopée de Jeanne d’Arc |
L’Eldorado dans la justification des conquêtes coloniales |
La légende impériale |
Les mythes tournant autour du rejet de l’autre, en tant que moyen d’élaboration d’une politique raciale (l’antisémitisme) |
"Les mythes qu’une civilisation se crée spontanément sont proportionnels à ses difficultés et ses souffrances face à l’univers". (Jean-Claude Hamel)
"Le caractère le plus profond du mythe, c’est le pouvoir qu’il prend sur nous, généralement à notre insu". (Denis de Rougemont)
Pour aller plus loin
Brunel Pierre (dir.), Dictionnaire des mythes d’aujourd’hui, Monaco, Le Rocher, 1999.
Caillois Roger, Le Mythe et l’homme, Paris, Gallimard, 2001.
Durand Gilbert, Introduction à la mythodologie. Mythes et sociétés, Paris, Albin Michel–Cazenave, 2000.
Monneyron Frédéric, Mythes et littérature, Paris, PUF, 2002.
Vernant Jean-Pierre, Entre mythe et politique, Paris, Le Seuil, 2000.
Vernant Jean-Pierre et Vidal-Naquet Pierre, Mythe et tragédie en Grèce ancienne, Paris, La Découverte, 2001.