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Didactirun
30 mars 2015

Une notion, un jour...

Pour les collègues PE

Monarchie

Pour une première approche

Étymologiquement, la monarchie est le gouvernement d’un seul. Cette forme de gouvernement se caractérise par l’unicité du titulaire du pouvoir, que ce soit un prince, un roi ou un empereur.

Hyacinthe Rigaud

Quelques précisions

La monarchie est le premier mode de gouvernement des anciennes civili­sations et domine l’Europe du Moyen Âge au XIXe siècle. Les régimes et les institutions monarchiques ne sont pas des entités abstraites, régies par les seules normes juridiques et morales de leur temps. Ils se construisent également en interaction dynamique, souvent conflictuelle, avec les parte­naires internationaux. D’un point de vue théorique, il est cependant pos­sible de distinguer différents types de monarchies selon leur degré d’évolution. La monarchie patrimoniale se caractérise par l’idée que le roi considère le pouvoir politique comme une simple extension de son pouvoir privé. Dès lors, il n’y a pas à proprement parler de domaine public. Tel est le cas de la monarchie franque des Mérovingiens et des Carolingiens. La monarchie féodale, quant à elle, est le régime dans lequel le pouvoir du monarque est limité par la puissance des grands du royaume, comme c’est le cas au bas Moyen Âge. La monarchie absolue est le régime dans lequel le roi prétend gouverner sans limites, avoir tous les droits sur ses sujets et tend à assimiler sa volonté à la loi. C’est le fondement même de la monarchie à l’époque moderne. L’affirmation de la monarchie absolue s’est réalisée progressivement, grâce notamment aux légistes, conseillers des rois, qui se sont attachés à développer les pouvoirs royaux en s’appuyant sur la loi romaine pour combattre la féodalité. Un monarque absolu peut abuser de son pouvoir et devenir un despote, mais lorsque le gouvernement autoritaire est exercé selon les principes de la raison, le despotisme est dit « éclairé ». On parle ainsi, pour la France des années 1770-1780, de « despotisme ministériel ».

Il faut, à ce niveau, distinguer la monarchie absolue de l’absolutisme, les deux termes étant différents bien que liés. Le premier renvoie à une construction pratique, le second à une construction théorique. Le terme d’absolutisme date de la Révolution française, avec une connotation voi­sine de celle de despotisme. Les fondements de l’absolutisme sont à re­chercher dans un premier temps dans les sources romaines. En effet, le droit romain sert de base aux légistes du Moyen Âge qui confèrent au roi une puissance sans égale. Le droit romain fait de la volonté du prince le fondement de la loi – « car tel est notre plaisir ». Cependant, le roi est plus l’interprète de la loi qu’il n’en est l’auteur. Toute loi, comme tout pouvoir, vient de Dieu, et le roi est le lieutenant ou le vicaire de Dieu sur Terre. Cela distingue la monarchie absolue de la tyrannie.

En dehors du droit romain, l’Église et la théologie ont été des modèles pour l’élaboration théorique du pouvoir royal. Ainsi, la distinction entre puissance absolue et puissance ordinaire est d’ordre théologique. Elle introduit la possibilité de justifier un pouvoir sans limite et pouvant s’affranchir des lois. Les fondements romain et chrétien établissent donc la sacralisation du pouvoir et de la personne royale, qui fait des rois des thaumaturges (faisant des miracles). Cette magie de la royauté remonte au Moyen Âge, le toucher royal des écrouelles étant attesté depuis le XIIIe siècle. « Le roi te touche, Dieu te guérit. »

À partir du XVIIe siècle, le pouvoir théorique du roi se renforce autour du concept de raison d’État, celui-ci émancipant le pouvoir royal d’une justification de type religieux. Cette sécularisation a pu miner à long terme les fondements théoriques de l’absolutisme.

Par ailleurs, un ensemble de règles coutumières limitent la souverai­neté absolue du roi, qu’il ne peut modifier ; ce sont les lois fondamentales du royaume. Elles gravitent autour de deux concepts clés : la continuité de l’État et l’indépendance de la couronne. Le gouvernement est héréditaire par ordre de primogéniture (priorité de naissance), les femmes et les bâtards étant exclus de la couronne, ce que l’on justifie à partir du XIVe siècle par l’application de la loi salique, qui était pourtant muette à ce sujet. Le successeur légitime est considéré comme roi dès la mort du prédécesseur : « Le roi est mort, vive le roi. »

Par les serments du sacre, le roi s’engage à protéger l’Église, et à maintenir la paix et la justice dans son royaume. Depuis le sacre d’Henri IV en 1594, le principe de catholicité est retenu. Par ailleurs, le domaine royal est inaliénable ; il n’est plus considéré comme patrimonial, le roi n’en étant que l’usufruitier. Il doit être transmis à ses successeurs. Le pouvoir absolu est aussi limité par le respect de coutumes et de privilèges ; la défense des privilèges reste la préoccupation majeure des ordres, corps et communautés qui constituent le royaume. La nécessité de réunir les États généraux, assemblée des représentants des trois ordres, avant de mettre en place un nouvel impôt constitue un autre frein à la puissance royale. Leur convocation permet l’élaboration de doléances ; ils ne se sont plus réunis entre 1614 et 1789.

La monarchie tempérée apparaît, elle, dans les suites du processus ré­volutionnaire ; les pouvoirs du monarque y sont limités par une constitu­tion (monarchie constitutionnelle en France de 1791 à 1792).

Liens avec les programmes

Moyen Âge :
monarchie patrimoniale
puis féodale

Temps modernes : monarchie absolue

XIXe siècle :
monarchie tempérée

Naissance de la France :
un État royal

Étude de la monarchie féodale

La monarchie absolue
en France : Louis XIV
et Versailles

La monarchie constitution­nelle pendant la Révolution française

La Restauration
(1815-1830)

La monarchie de Juillet (1830-1848)

Citations

"Autour de cette ville, la monarchie a passé son temps à construire des enceintes, et la philosophie à les détruire. Comment ? Par la simple irradiation de la pensée". (Victor Hugo)

"La république est le seul remède aux maux de la monarchie et la monarchie est le seul remède aux maux de la république". (Joseph Joubert)

"La monarchie dégénère ordinairement dans le despotisme d’un seul ; l’aristocratie dans le despotisme de plusieurs ; la démocratie dans le despotisme du peuple". (Montesquieu)

"C’est le sort des monarchies que leur prospérité dépende du caractère d’un seul homme". (Voltaire)

Pour aller plus loin

Béguin Katia, Histoire politique de la France, XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Armand Colin, coll. « Campus », 2001.

Contamine Philippe, Le Moyen Âge. Le roi, l’Église, les grands, le peuple, 481-1514, Paris, Le Seuil, 2002.

Cornette Joël, L’Affirmation de l’État absolu (1515-1652), Paris, Hachette, 1993.

Cornette Joël, Le Roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du grand siècle, Paris, Payot, 1993.

Cosandey Fanny et Descimon Robert, L’Absolutisme en France, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 2002.

Richet Denis, La France moderne. L’esprit des institutions, Paris, Flammarion, 1973.

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