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Didactirun
28 mars 2015

Une notion, un jour...

Une notion, un jour...

Pour les professeurs des écoles

Empire et impérialisme

Pour une première approche

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Le terme d’empire désigne certains États de vaste superficie issus d’une politique conquérante. Il s’agit donc d’un ensemble territorial créé par des conquêtes. Il peut également désigner un régime politique spécifique dans lequel le souverain est désigné par l’appellation d’empereur. L’impérialisme est une politique d’expansion territoriale, militaire ou économique. Il s’agit d’une volonté hégémonique. Les notions d’apogée et de déclin sont associées à celles d’empire et d’impérialisme.

Quelques précisions

Le terme d’empire est issu du latin imperium qui signifie « commande­ment ». Dans la Rome antique, il s’agit du pouvoir suprême détenu par le roi puis certains magistrats (les consuls). Pour désigner le territoire, les Romains parlent d’imperium romanum (empire romain), c’est-à-dire la partie du monde sur laquelle s’exerce le commandement de Rome. Le pouvoir a été obtenu par la conquête ; en ce sens, il n’y a pas d’empire sans conquête.

Malgré la diversité des situations, on retrouve un certain nombre de ca­ractéristiques communes aux empires.

•   Conquête de territoire : à partir d’un centre défini, il y a agrégation de territoires périphériques ou plus éloignés.

•   Conscience politique : il ne peut y avoir d’empire sans une prise de conscience de son existence ; il existe toujours un projet global.

•   Projet messianique : c’est l’idée que l’on est un acteur suprême ayant des droits sur les autres. On peut relier cette idée à la notion de civili­sation et à celle de nationalisme.

Selon la typologie établie par l’historien Edward N. Luttwak à partir de son étude sur l’empire romain, on peut établir une distinction entre empire territorial et empire hégémonique. Le premier occupe concrètement des territoires avec des forces armées, renverse les anciens dirigeants et annexe les terres. Dans un empire hégémonique, en revanche, les affaires internes des zones conquises restent entre les mains des gouvernants d’origine, qui sont traités en vassaux. Si les empires territoriaux, solide­ment tenus, sont coûteux à maintenir, les empires hégémoniques pré­sentent un avantage matériel, puisque les dirigeants locaux assument toutes les dépenses administratives ; mais le lien assez lâche favorise la rébellion. Tous les États centrés sur la conquête se définissent comme un compromis entre ces deux types. La faiblesse des territoires conquis explique la politique d’expansion.

L’empire demeure la seule structure que l’Histoire ait inventée pour prendre en charge des ensembles flous. (Alain Minc, Le Nouveau Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1993). Il convient surtout de retenir que l’impérialisme ne peut concrètement s’établir qu’à partir d’un rapport de puissance déséquilibré entre les com­munautés humaines. Les empires ont existé de tout temps et en tout lieu (par exemple en Chine et en Amérique, avec les civilisations amérin­diennes).

Les prétextes à une expansion prennent parfois une tournure éco­nomique et idéologique, comme le montre l’expansion coloniale du
XIXe siècle :

Les chantres de l’expansion ont réussi à faire triompher cette idée, encore vivante au­jourd’hui dans bien des secteurs de la vie économique, que l’expansion outre-mer était le but final de la politique, les Anglais étant, entre autres, les premiers à associer les bienfaits de l’impérialisme au triomphe de la civilisation, cet accomplissement des œuvres des peuples supérieurs. À l’heure où les progrès de la science, le succès du darwinisme assuraient aux plus doués la tâche de répandre les bienfaits du progrès dans le monde, les Anglais se jugeaient nécessairement destinés, pour l’essentiel, à remplir cette tâche. « Je crois en cette race », disait Joseph Chamberlain en 1895. L’Anglais, grâce à son avance, à son savoir-faire, se chargeait de civiliser le monde, « ce fardeau de l’homme blanc ». Mus par la doctrine des Lumières et l’éclat de la Ré­volution de 1789, les Français jugeaient surtout qu’ils accomplissaient une mission li­bératrice ; la traite abolie, ils avaient mis fin à l’esclavage – supprimé pendant la Ré­volution, rétabli par Bonaparte, supprimé à nouveau par Schoelcher en 1848. En outre, tenant les indigènes pour des enfants, leurs convictions, républicaines ou non, les conduisaient à juger qu’en les éduquant ils se civiliseraient. Leur résister était donc faire preuve de sauvagerie. (Marc Ferro, Le Livre noir du colonialisme, Paris, Robert Laffont, 2003, p. 25)

Le débat reste ouvert sur les liens entre la notion d’empire et la nature du régime politique ; à côté des régimes monarchiques, un certain nombre de régimes dit républicains ont pu opérer une expansion de territoire quali­fiée d’impérialiste. La France révolutionnaire a ainsi mené des conquêtes et fait preuve d’un messianisme révolutionnaire qui a abouti à la création des républiques sœurs. Certains utilisent l’expression de République colo­niale pour qualifier la politique d’expansion conduite sous la IIIe Répu­blique. Enfin, malgré les dénégations des historiens marxistes, la main­mise soviétique sur un ensemble de territoires s’étirant de l’Allemagne au Pacifique peut être qualifiée d’Empire Eurasie. Il est vrai qu’il s’agissait là davantage d’une fédération d’États, cette notion de fédération étant consi­dérée comme l’antonyme de la notion d’empire, puisqu’elle est censée être fondée sur le consentement de tous.

Aujourd’hui, le concept d’empire reste présent politiquement, mais il est devenu désuet avec la disparition des empires coloniaux et le mouve­ment de décolonisation de la deuxième moitié du XXe siècle. Toutefois, de nouvelles formes de domination sont alors apparues et, avec elles, une nouvelle forme d’impérialisme. Ainsi, de nos jours, les États-Unis exercent une hégémonie à la fois politique, militaire, économique et cultu­relle ; celle-ci est parfois appelée néo-impérialisme.

Liens avec les programmes

Antiquité

Moyen Âge

Temps modernes

XIXe siècle

XXe siècle

La conquête de la Gaule et la romanisation

L’expansion de l’islam

Les conquêtes napoléo-
niennes

L’impérialisme colonial

Le nazisme et le natio­nalisme

Citations

L’occident ne mesure pas toujours la haine que lui vouent des peuples humiliés et of­fensés par sa prospérité, son passé impérial, son présent dominateur, son appui à des régimes féodaux corrompus. (Alain Peyrefitte)

Pour aller plus loin

Arendt Hannah, L’Impérialisme, Paris, Fayard, 1982.

Bouvier Jean, Girault René et Thobie Jacques, L’Impérialisme à la française, Paris, La Découverte, 1986.

Brouillard P., L’Impérialisme, Paris, PUF, coll. « Que Sais-Je ? », 1980.

Duroselle Jean-Baptiste, Tout empire périra, Paris, Armand Colin, 1992.

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