Une notion, un jour...
Pour les collègues du cycle 3
Culture
La notion de culture constitue pour l’historien le principe essentiel de son étude puisqu’il s’agit de prendre en compte les manifestations intellectuelles (art, religion, représentations, etc.) et les principes d’organisation d’une société. Délaissé par les historiens jusqu’aux années 1970-1980, le concept est aujourd’hui au cœur de leurs préoccupations grâce à une réflexion sur ses principes opératoires en histoire.
Le champ sémantique de la notion de culture s’est élargi et propose à l’historien une approche différenciée et de plus en plus complexe. En reprenant une définition ontologique (réflexion sur l’être en soi), on distingue d’abord état de nature et état de culture. En se fondant sur une définition anthropologique (étude des croyances, des coutumes et des traditions), on fait de la culture un ensemble d’habitudes et de représentations mentales propres à un groupe donné. Enfin, la définition plus classique ramène la culture à un simple acquis.
Les spécialistes de l’histoire culturelle ont ainsi bâti des définitions de plus en plus complexes afin d’englober les éléments nouveaux de la recherche. C’est le cas de Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli qui indiquent :
L’histoire culturelle est celle qui s’assigne l’étude des formes de représentation du monde au sein d’un groupe humain dont la nature peut varier et qui en analyse la gestation, l’expression et la transmission.
Pour Pascal Ory, il s’agit de l’étude de « l’ensemble des représentations collectives propres à une société ».
Les questions autour de ce concept sont dès lors multiples. Cette représentation est-elle sublimée, figurée ? S’agit-il d’un monde codifié, contourné, pensé ? Bref, le champ d’investigation a tendance à s’élargir tout en prenant en compte les travaux de champs disciplinaires nouveaux et variés.
Un terme sous-jacent à cette notion est fortement ancré dans les programmes, celui d’acculturation. Il s’agit d’un processus culturel qui se met en place lorsque des contacts sont établis entre des sociétés ou des groupes sociaux différents. Il peut s’agir de l’abandon des traditions ou des systèmes de références que cette assimilation entraîne, avec l’ensemble de ses conséquences possibles : souffrance, phénomène de déviance ou métissages. L’acculturation correspond ainsi à l’assimilation, totale ou partielle, de la culture d’un groupe par rapport à un autre. Si le processus aboutit à une influence culturelle partagée, il s’agit de syncrétisme culturel.
Le programme du cycle 3 propose de multiples entrées pour ce concept : l’étude des modes de vie, l’analyse des interprétations religieuses du monde ou des représentations artistiques. Il s’agit, dans l’esprit des programmes, de montrer les spécificités de chaque période, par le biais de la culture, qui ne peut être dissociée du concept de civilisation. Les progrès, les évolutions et les transformations associent également ce concept à celui d’acculturation.
Antiquité |
Moyen Âge |
Temps modernes |
XIXe siècle |
Romanisation et christianisation de la Gaule |
Développement de l’évangélisation Relations entre l’Occident chrétien et le monde arabo-musulman |
Humanisme et échanges de connaissances La colonisation des XVIIe et XVIIIe siècles |
L’impéria- |
Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines. (Marcus Garvey)
Et puis quoi, qu’importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non. (Pierre Desproges)
Pour aller plus loin
Ory Pascal, L’Histoire culturelle, Paris, PUF, coll. « Que Sais-Je ? », 2004.
Rioux Jean-Pierre et Sirinelli Jean-François (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Le Seuil, 1997.