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Didactirun
9 août 2015

Connaissance de l'océan Indien

Histoire du système éducatif à La Réunion

 

"UNE IMPOSSIBLE EDUCATION PLURILINGUE EN SITUATION COLONIALE. DISCOURS SUR LE CREOLE AU LYCEE DE SAINT-DENIS DE LA REUNION AU DEBUT DU XXEME SIECLE"

Selon une analyse déterministe fortement ancrée dans les poncifs coloniaux la « langue est un prisme à travers lequel ses usagers sont condamnés à voir le monde ». La langue créole condamne donc les Réunionnais à l’obscurantisme. Tel est le discours véhiculé par les enseignants du lycée de Saint-Denis de La Réunion à la veille de la Grande Guerre. 

Dans cette optique, l’unité linguistique serait un des facteurs essentiels de l’unité nationale. La « francité » se comprendrait avant tout par le partage d’une langue commune, capable de refléter les caractères spécifiques de l’identité française. Dans un contexte de bilinguisme, cette volonté peut paraître a priori illusoire et refléter une volonté discriminante de la part de l’élite envers le peuple.Créole_colonie

"DIRE L’INDIAOCEANITE DANS LES MANUELS D’ENSEIGNEMENT DE LA REUNION"

« Dire l’indiaocéanité » suppose que l’on puisse s’identifier et se reconnaître au sein d’un ensemble vu comme un lieu d’échanges et de rencontres. Cela implique pour La Réunion qu’elle puisse définir un sentiment d’appartenance à une aire indiaocéanique dont les caractères sont observables en son sein. Ce double rapport métonymique demeure une constante dans les ouvrages d’histoire et de géographie locales à La Réunion depuis le début du XXème siècle. Cependant, par bien des aspects, « dire » n’est pas « expliquer » et les manuels scolaires ne pallient pas cette difficulté lorsqu’ils évoquent, sans véritablement le justifier, ce référencement identitaire complexe. De surcroît, par analogie avec le roman national, les concepteurs de manuels ont pu participer, selon un processus « d’imagination conditionnée », à l'élaboration d’un roman indiaocéanique à valeur de mythe et construit dans une perspective téléologique. Il s’agit donc de créer les conditions d’un sentiment d’appartenance avant son existence selon une perspective identitaire prédéfinie.

Cette identité indiaocéanique se structure autour d’une double prise de conscience : une similarité de destin entre sociétés de l’océan Indien permettant l’affirmation d’une identité régionale et une singularité de chaque île face à un héritage postcolonial mais aussi postnational en voie de dilution. Si les récits et les apprentissages proposés à la sagacité des élèves semblent refléter de façon incomplète, diffractée, certaines volontés politiques et/ou culturelles, ils n’en participent pas moins à la construction d’une « tradition inventée » où les limites de l’indiaocéanité sont progressivement établies autour d’une histoire partagée en cours de patrimonialisation. Une même ligne mélodique scande ainsi une histoire commune pour les îles concernées même si les tonalités diffèrent bel et bien en fonction des interlocuteurs et des usages publics visant à un « partage de la connaissance et de la connivence ». Notre propos est ainsi de mettre en évidence la porosité de certains supports pédagogiques à l’air du temps sur la question de l’indiaocéanité et d’envisager, de manière évolutive, les finalités ouvertement ou tacitement acceptées pour la construction d’une culture partagée. Roman_indiaocéanique

 

 

"La valorisation de la petite patrie à La Réunion sous la Troisième République"

L’analyse des supports pédagogiques à La Réunion sous la Troisième République laisse entrevoir une évolution du processus d’acculturation nationale dans lequel la petite patrie prend une part de plus en plus prépondérante. Valorisée dès le milieu du XIXème siècle en qualité de microcosme du national, l’identité réunionnaise est cependant reconsidérée au lendemain de la Grande Guerre dans l’historiographie locale. La redéfinition des liens entre la grande et la petite patrie, entre l’universel et le particulier, devient ainsi une revendication pleinement assumée car justifié par les affres de la guerre. Les politiques et les pédagogues de l’immédiat après-guerre s’entendent pour affirmer que l’enracinement local ne peut être sacrifié sous prétexte d’une nécessaire intégration nationale. Désormais, la posture revendicative est que la culture républicaine doit être plus attentive aux singularités individuelles. Il s’agit donc d’une remise en cause de la « République coloniale » dans le sens où les spécificités culturelles locales ne sont plus perçues dans une hiérarchie d’ordre axiologique définissant uniquement l’histoire de La Réunion par rapport au prisme métropolitain. Tsingy

"Le patriotisme au lycée de Saint-Denis de La Réunion sous la Troisième République"

L’historiographie reconnaît que les valeurs patriotiques et nationalistes sont au cœur d’un nouvel enseignement républicain marqué par la défaite de 1870. En effet, l’école de la Troisième République veut inculquer des valeurs sociales et morales valorisant l’État-Nation. En ce sens, elle tient le premier rôle dans ce qu’Eugen Weber a nommé le « processus d’acculturation final qui a transformé les Français en Français ». La foi dans le progrès et dans la mission civilisatrice de la France explique les tentatives d’application de ce modèle au domaine colonial et plus particulièrement au sein des vieilles colonies de l’Empire. 

Dans ce processus d’acculturation nationale « l’école traduit la volonté du colonisateur d’assimiler le colonisé et de lui imposer ses valeurs ». En qualité d’appareil idéologique d’État, les établissements scolaires de l’île de La Réunion, colonie française depuis le XVIIe siècle, ont ainsi participé à cette œuvre de redressement national et mis en exergue les vertus patriotiques à inculquer aux élèves de la colonie.  HDLE

Histoire de Madagascar

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